THEPAULT Joël
A travaillé en 2006 et 2007 sur Dans le ventre du monde
(Œuvre réalisée entièrement avec des outils à main)
Joël passe le plus clair de sa vie d’artiste à tenter de recréer un monde qui lui a échappé. Ce travail talentueux et obstiné passe par beaucoup d’installations, de détournements d’objets ou de rapprochements improbables.
Ainsi, en découvrant la carrière des Chabossières, cet artiste des confins du Massif Central a-t-il immédiatement pensé son projet en hommages aux hommes qui ont ici sué et laboré comme des bêtes pour assurer leur minimum vital. (Rappelons que les carriers n’étaient pas payés à l’heure ou au mois mais au volume extrait et que, pour gagner à peine de quoi survivre grâce à ce métier, mieux valait ne pas flemmarder… ).
D’où cet autel garni d’ex-voto en hommage à tous ceux qui se sont épuisés à travailler ici.
Toute l’humanité de l’artiste s’étale, compatissante devant le visiteur, bien rangées dans ses petites cases. Toute ? Non ! En effet, sa générosité l’a conduit à pratiquer l’échange avec son voisin de front de taille : la main que vous voyez tout en haut à droite, elle a été sculptée par Laurent Roussely…
Et cette boule de pierre prisonnière dans le bas et à l’ange de l’œuvre de Laurent ? Elle est de Joël.
En toute fraternité.
N’oubliez pas de vous approcher du sarcophage (dont Joël a su garder le calcin et la patine originels).
Vous y verrez la momie d’un carrier, exhumé avec respect et s’offrant à la compassion du visiteur.
Enfin, deux petites notes d’humour qui confortent l’humanisme du sculpteur :
1/ La perforeuse électrique déposée par l’artiste le long de la jambe du mort est là pour signaler que la règle, aux Lapidiales, est de travailler à la main comme dans le sale vieux temps et que ce n’est pas facile tous les jours…
2/ Joël Thépault, outre son talent, abandonne au public l’authentique paire de godasses qu’il a usé au cours de ses deux résidences…
Pays d'origine : France